dimanche 18 mai 2014

Régime hyperempathique

8/01/14

Sur un fil du forum Linecoaching, dédié aux récits de nos expériences les plus étranges en matière de régimes.



Au lycée, promettre à ma meilleure amie d'essayer de maigrir pendant un mois, "pour voir". Elle avait été sensible à mon mal-être, elle essayait de m'aider.

J'avais fait ça à ma sauce : rien de très nourrissant. Pas de matière grasse, pas de sucre, une quantité extrêmement minime de féculents. Au bout d'un mois, tout allait bien, donc j'ai continué, toujours à ma sauce.

A chaque bout de mois, c'était l'orgie pendant un dimanche entier. Je pouvais manger ce que je voulais autant que je voulais de minuit à minuit : chantilly, chocolat, frites et salade verte avec de la vraie vinaigrette (dans le mois, c'était vinaigre, sel, poivre) et du pain. J'ai perdu du poids, c'était chouette. Pas si difficile, puisque j'avais promis, et que j'avais mon dimanche de bout de mois (enfin, le lundi suivant le dimanche, c'était pas facile, niveau digestion).

Et puis lors de vacances chez eux, les parents de ma meilleure amie (très férus de nutrition, de bio, de naturel, d'équilibre) ont vu comment je m'alimentais. Et ils m'ont parlé de l'utilité des matières grasses, notamment pour le cerveau, surtout pour une ado.

Petit à petit, j'ai arrêté de "faire attention" et j'ai repris le poids perdu, et un peu plus. Avec en prime le sentiment d'avoir trahi la promesse faite à ma meilleure amie (alors que, bon, le "contrat" n'était que sur le premier mois, et que jamais elle n'avait pensé que je renoncerais aux féculents et aux matières grasses).

J'ai très longtemps regretté de ne pas pouvoir refaire le coup du régime-promesse, alors que maintenant, je trouve ça très très choquant, cette idée.

Maintenant, en ayant lu le paragraphe sur le "lieu de la décision" dans le chapitre sur l'hyperempathie ("Maigrir, c'est dans la tête"), du Dr Apfeldorfer), je me rends compte à quel point ce moment de ma vie était symptomatique.

6 commentaires:

Cicciotella a dit…

Moi, j'ai peut-être fait pire, dans le genre : le régime-promesse à un petit ami !
C'est vraiment pervers puisque, d'une certaine façon, c'était une façon de leur assurer qu'ils allaient enfin pouvoir me trouver séduisante.
Le sens de l'échec inévitable de l'entreprise était lourd, non ?...

Ah, je précise qu'aucun d'eux n'était séduit par mon surpoids ; ils "m'aimaient malgré", pas avec.

Pattie a dit…

Une fois, un homme qui acceptait moins bien son poids que moi (que moi à l'époque) m'a dit "Allez, on se lance un défi : on ne se revoit que si on arrive à perdre un kilo". Ma réaction a été instinctive : eh ben on n'est pas près de se revoir. Il a laissé tomber son idée. Je pense que sur ce coup-là, j'ai bien su transmettre le point de non-retour. J'ai très vite compris que je ne plairai pas à tous les hommes. J'ai mis plus de temps à comprendre que par contre, certains hommes trouvaient les vraies grosses rondeurs hyper sexy. Du coup, une fois compris, je savais que si mon corps n'allait pas à l'homme en question, c'est que l'homme en question ne m'allait pas non plus.
C'est une question de valeur. Je veux bien que l'attirance soit un truc à part, blablabla. Mais un homme qui se fixe sur l'apparence physique, pour moi, c'est complètement non attirant, c'est tellement éloigné de mes valeurs à moi que je ne pourrais même pas partager un repas avec lui sans avoir envie d'être ailleurs. Les personnes de mon entourage qui sont comme ça, c'est plus fort que moi : je m'ennuie. J'ai l'impression de parler de physique quantique avec un nourrisson, d'eau courante à un Australopithèque. L'impression que ça ne sert pas à grand-chose de parler avec eux parce qu'ils n'ont pas encore atteint un degré de civilisation assez avancé. C'est hyper élitiste de ma part, mais c'est comme ça, c'est instinctif.

Cicciotella a dit…

En même temps, les "hommes [qui trouvent] les vraies grosses rondeurs hyper sexy" ne valent pas mieux, sur ce plan-là, que ceux qui ne les aiment pas, puisqu'ils jugent, là encore, de l'attractivité d'une femme à son physique ; sur d'autres critères, c'est tout !

Pattie a dit…

Tout à fait, oui ! Un homme qui attend d'une femme qu'elle reste toujours mince ou un homme qui attend d'une femme qu'elle reste toujours grosse, pour moi, c'est pareil.

L'importance de la découverte des « Fat admirers » dans ma vie, c'est que ça a renversé ce que je prenais pour acquis. Pour moi, pendant trèèès longtemps, c'était naturel de ne pas inspirer de désir : il était impossible d'avoir du désir pour une personne obèse. Une fois que j'ai compris que ben si, et même jusqu'à l'extrême opposé, j'ai cessé de penser que l'aspect physique était le point névralgique d'une relation, qu'elle soit sexuelle ou amoureuse ou les deux. J'ai compris que si les deux extrêmes existaient, je n'étais pas "fautive", que tous les désirs sont possibles. J'ai cessé de m'intéresser à ceux que je n'intéressais pas. J'attendais d'eux une sorte de motivation, depuis l'ado du collège (pour lui, je maigrirai et il s'intéressera à moi) jusqu'à l'adulte de la fac (lui, il me permettra d'exister en acceptant mon défaut physique).
Après la prise de conscience que les rondes plaisaient aussi, avec leurs formes, je me suis dit que du coup, c'était à égalité avec les minces. Il y a d'un côté les hommes qui aiment seulement les minces tant qu'elles le restent. D'un autre, les hommes qui aiment seulement les grosses tant qu'elles le restent. Et puis le reste des hommes, qui carburent à n'importe quel genre de corps du moment qu'ils flashent sur la personne. Les comme moi, quoi.

Pour moi, c'était une révélation. Je pensais vivre dans un monde où il fallait être mince pour qu'un homme s'intéresse à moi (ou hyper féminine ou très soigneuse de mon intérieur ou très forte en cuisine ou les trois, que des trucs qui étaient loin de moi). Je savais que l'amour allait au-delà de l'aspect physique, mais pour que l'étincelle se fasse, je pensais très sincèrement qu'il fallait être mince (à moins d'avoir un charisme de folie, ce qui est loin d'être mon cas!).
Et en fait, pas du tout ! J'ai découvert un monde polarisé (amateurs de minces versus amateurs de rondes), avec de vastes hémisphères remplis de gens qui ne se basent pas sur l'aspect physique pour se sentir en accord ou pas avec une personne. La civilisation !

Cicciotella a dit…

Merci d'avoir pris la peine de développer ton avis : comme toujours, tu me fais avancer et tu m'ouvres des portes.
Je pense être restée bloquée dans un monde où il faut absolument être mince pour intéresser sincèrement... d'où mon mode de vie monastique depuis que je suis au-delà des normes admises.

Pattie a dit…

Après, chacun son type d'homme. Peut-être que tu cherches chez eux des choses qui moi ne m'intéresseraient pas, et que moi je cherche des choses qui ne t'intéresseraient pas.