lundi 2 décembre 2013

Nommer pour percevoir une sensation

27/11
 Suite de mon compte-rendu sur Linecoaching.
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27/11
16h

Quatrième jour d'expérience (la faim a été longue à venir, j'ai attendu jusqu'à 15h).
J'ai choisi des rochers Suchard, des noirs. Je les ai gardés pour la fin, parce que c'est un aliment que j'aime vraiment vraiment beaucoup. J'aime le praliné et j'aime le chocolat noir, et l'alliance des deux, c'est le bonheur !

Au passage, ça m'a permis de réussir à garder cet aliment dans mon placard pendant une semaine et demie, ce qui n'est pas habituel, pour moi, concernant un aliment calorique délicieux dont je ne suis pas encore rassasiée. (J'ai une mini-boîte de crème de marrons, depuis les premières semaines du programme, donc presque trois mois, mais j'ai eu le temps de m'en rassasier, ça n'est pas pareil).

J'ai préparé 215g (il manque deux rochers sur les sept : mon mari n'a pas eu ma patience, pour une fois que c'est lui et pas moi !). J'en ai mangé 20g. Un rocher doit faire dans les 30g.

J'ai commencé par une grosse bouchée, parce que j'adore les grosses bouchées. Ceci dit, mes grosses bouchées de maintenant ne sont plus si grosses, depuis que j'ai découvert la dégustation. Une bouchée aussi grosse qu'avant m'empêche de bien faire tourner l'aliment dans ma bouche, donc je me suis aperçue il y a peu que mes bouchées s'étaient adaptées.

Ensuite, j'en ai pris un peu moins.

Et puis encore un peu, et là, stop : le goût avait changé.

Là, j'ai eu une petite EME, mais j'y ai facilement résisté : je suis tranquille, chez moi, aucune pression, l'exercice m'ordonne de remanger du même aliment quand j'aurai à nouveau faim, et il me reste 6 rochers et un tiers.

Une minute après, le temps de remplir le compte-rendu, le goût restant dans la bouche était devenu presque désagréable, limite écoeurant. Si j'avais eu ce goût en bouche au moment de cocher la case, j'aurais hésité entre « lassitude agréable » et « dégoût ».

Le changement de goût, c'est comme un feu orange sur la route : « Attention ». Mais le changement de la sensation laissée par le goût (la longueur en bouche, peut-être ?) c'était comme la pression de la ceinture de sécurité, du genre « Ouf, il était moins une, ça a failli être trop tard ! » Je ne l'avais jamais senti, ou du moins jamais identifié, et surtout pas si rapidement après la dernière bouchée. Les autres fois, je crois qu'il venait, mais plus tard. Pas dans la bouche, mais dans l'estomac. Lors de l'expérience avec les 100g d'aliments, il venait environ un quart d'heure après. Avant, il me fallait venir à bout de l'EME pour percevoir la sensation. Et pas dans la bouche, dans l'estomac. Avec cette expérience-ci, il vient au bout de 5-10 minutes. Aujourd'hui, il est venu presque tout de suite après, comme un presque écoeurement au fond de la gorge.

Je venais de lire le message d'une Linecoachée qui raconte que pour son fils, les aliments deviennent vite « dégueu », et je m'étais posée la question. Pour moi, ils deviennent moins bons, mais pas mauvais. Peut-être que ce sont les mots de l'enfant qui m'ont permis de repérer cette sensation, de la nommer. Ce n'est pas facile de repérer une sensation quand on ne sait pas la nommer. C'est comme si ça n'existait pas, ce qu'on ne peut pas nommer.

Ce qu'Izabelle écrit souvent, sur la nécessité de nommer, prend une autre résonance, maintenant. J'étais bien convaincue qu'elle avait raison, mais juste « intellectuellement » convaincue. Là, je viens de l'expérimenter : nommer une sensation permet de la repérer. Je pense que je vais relire le passage du livre du docteur Apfeldorfer (« Mangez en paix »), où il donne du vocabulaire pour nommer les émotions. J'avais corné la page, pour y revenir plus tard, je pressentais que ça aurait de l'importance, mais là, ça n'était qu'un amas de mots.

Du coup, je me dis que si ma troisième bouchée avait été partagée en deux, je n'aurais pas pris la deuxième moitié. Je pense que je vais y réfléchir, à ça : garder ma première bouchée comme je l'aime. Et fractionner les autres. Peut-être qu'un jour, je l'essaierai - mais d'abord, j'y réfléchis, j'apprivoise l'idée. Déjà, avec Linecoaching, j'ai instinctivement changé la taille de ma première bouchée, pour maximiser le plaisir. C'est déjà pas mal.

En tous cas, c'est amusant de recevoir une leçon de vocabulaire des sensations par un enfant de 10 ans !

dimanche 1 décembre 2013

Les aliments deviennent moins bons

27/11
Suite de mes compte-rendus sur Linecoaching. Une Linecoachée disait que c'était un exercice difficile pour elle. Je lui ai demandé pourquoi, et ce que j'avais trouvé difficile pour moi.


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25/11

Pour moi, c'est la faim : avec ce que je peux manger avant le rassasiement gustatif, j'ai faim à un moment que je ne peux pas du tout prévoir (ça n'est pas du tout comme pour les repas, où je peux à peu près prévoir, à une heure près - en me trompant parfois). La faim ne se manifeste pas du tout de la même manière non plus, elle est bien plus désagréable (elle revient un peu plus sourde, presque imperceptible, elle est un peu douloureuse, et elle passe très vite à la grande faim sans que j'aie pu identifier la faim moyenne). Ma solution, ça a été de choisir des jours où je suis chez moi.

Il y a aussi la crainte de ne pas réussir à lâcher l'aliment, mais comme j'ai décidé d'explorer le rassasiement gustatif, et que les découvertes m'enthousiasment, ça m'aide. Et le fait de pouvoir en remanger à la collation, aussi.

Et puis ce qui est un peu désagréable, ce sont les découvertes "négatives" : certains des aliments qui me plaisaient avant ne me plaisent plus. Ou plus trop. J'ai l'impression de m'être illusionnée sur ces aliments. Si je ne m'étais pas retenue si longtemps d'en manger, je ne les aurais pas mythifiés. Mais peut-être que si. Je ne savais pas les manger. Je ne connaissais pas l'histoire de l'image mentale que notre cerveau projette, quand on n'est pas concentré sur l'aliment, et qui correspond en fait aux toutes premières bouchées, au moment où l'aliment est délicieux. Cette image mentale ne résiste pas à la pleine conscience. Mais pour le percevoir, il faut apprendre à manger. En fait, Linecoaching m'apprend à manger comme une adulte.

Mais dans l'ensemble, je m'amuse. Je mets mon assiette sur la balance alimentaire, l'aliment dedans (oui, bon, en principe, les adultes ne font pas ça...). Ca m'amuse aussi de remplir la quantité d'aliment que je prépare, dans le compte-rendu. Vu que ce sont des aliments tout prêts, ça donne "400g", pour la pâte spéculoos, "500g" pour les M&M's, "200g" pour le Napolitain (parce que c'est le poids de ce qu'il y a dans le sachet fraîcheur). Ca m'amuse de pouvoir me plonger dans autant d'aliment gras et sucré, en sachant qu'au bout de quelques grammes, ils n'auront plus de goût. C'est la découverte la plus importante pour moi, pour le moment : si on y prête attention, les aliments ne sont pas bons pour toujours à chaque instant. Ils ne sont bons que quand le corps en a besoin. Ou juste avant qu'il voie qu'il n'en a pas besoin (un demi-carré de chocolat peut-être à tomber, et le demi-carré suivant être fade. Un jour, j'essaierai peut-être le quart de carré, pour voir - mais pas encore, hein, je suis une régimeuse convalescente !)

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27/11
Aujourd'hui, en lisant les autres fils du forum consacrés au rassasiement spécifique, j'ai lu ce qu'en dit le fils d'une Linecoachée. Je ne copi-colle pas, parce que c'est dans la partie réservée aux abonnés, et certains ne souhaitent pas poster dans la partie publique.

En gros, elle a discuté avec son fils de 10 ans du comportement alimentaire qu'elle avait observé chez lui : il mange très peu de chaque aliment, et il mange beaucoup d'aliments différents lors d'un repas, quitte à aller en chercher d'autres au frigo s'il n'y en a pas sur la table, ce qui agaçait un peu sa mère. Il a répondu "C'est pas de ma faute, ça devient mauvais". Donc en clair, cet enfant connaît et respecte en lui un truc que je viens juste de découvrir et que je n'arrive pas encore à respecter tout à fait : le rassasiement spécifique. Et du coup, il doit manger beaucoup d'aliments différents pour satisfaire sa faim sans sacrifier son plaisir (sachant que le plaisir, c'est quand on apporte ce dont il a besoin au corps, c'est très important de ne pas sacrifier le plaisir alimentaire). Je suppose que quand il est invité, vu son âge, il sait se contenter de ce qu'on met dans son assiette, sans aller fouiller le frigo de ses hôtes ! Un vrai mangeur régulé, civilisé et tout et tout ! La chance qu'il a !

Je n'ai jamais pensé que le fameux proverbe "La vérité sort de la bouche des enfants" était vrai. Les enfants mentent comme les adultes, et même parfois plus : les adultes peuvent identifier les moments où il vaut mieux ne pas mentir, alors qu'un enfant n'a pas cette expérience. (Ca n'en fait pas de mauvaises personnes, mais c'est juste qu'il faut savoir recevoir et contextualiser les "vérités" qui sortent de leur bouche. Parfois, pour eux, c'est vrai. Mais de leur point de vue à eux seulement. Ca correspond à ce qu'ils ont perçu de la situation, pas à ce qui s'est passé dans sa globalité).
Mais en ce qui concerne les besoins du corps, les enfants sont souvent clairement dans le vrai, et quand ils réussissent à parler sur leur pratique, tout devient clair !